Lancé dans la ville de Tombouctou depuis septembre 2015, le Projet d’appui d’urgence et de renforcement de la résilience des enfants en mobilité est à sa 3ième phase de mise en œuvre grâce au soutien généreux du peuple américain à travers OFDA, le bureau de l’USAID pour les secours d’urgence en cas de catastrophe à l’étranger.
Exécuté par Terre des hommes Lausanne (Tdh Mali) en partenariat avec Enda Mali, l’objectif de ce projet est d’apporter un appui personnalisé et collectif à 2.568 enfants victimes de la crise dans la ville de Tombouctou.
Pourquoi ce projet d’urgence à Tombouctou ?
A Tombouctou, la crise multidimensionnelle de 2012 a amplifié les mouvements de populations constitués de milliers d’enfants accompagnés et non accompagnés. Ces enfants et adolescents qui arrivent dans ces villes sont très souvent confrontés à des problèmes qui touchent leurs droits les plus fondamentaux. Finalement, ils se retrouvent dans des situations d’extrêmes vulnérabilités : déscolarisation ; exploitation par le travail ; mendicité ; violences (physiques, sexuelles, psychologiques) ; maltraitance ; utilisation des stupéfiants ; etc.
Selon les données du Rapport sur les mouvements de populations (CMP) d’Août 2018, les régions de Tombouctou et Gao comptent à elles seules 43% des personnes déplacées internes (PDI) dont 28% (19.696) à Tombouctou et 15% (9.754) à Gao. La plus grande majorité de ces PDI se trouvent dans les communes de Tombouctou, Gourma Rharous, Gao et Bourem. En outre, 53% des PDIs sont des enfants dont 30% de filles et 23% de garçons.
Quelles réponses sont apportées à ces enfants et aux communautés ?
Dans le but d’améliorer un environnement protecteur à ces enfants concernés par la mobilité, le projet intervient sur 3 axes.
- Amélioration de la réponse communautaire :
Le projet travaille avec huit (8) associations de femmes, d’enfants et de jeunes ainsi que les chefs de quartier, le réseau des communicateurs traditionnels pour le développement (RECOTRADE), les gouvernements d’enfants en milieu scolaire et les clubs au niveau communautaire.
Cette collaboration permet d’identifier les enfants victimes de violences, d’abus, d’exploitation et de négligence ; de les référer vers des structures de protection ; de faciliter leur prise en charge, leur accompagnement et leur suivi au sein des communautés.
Cette approche communautaire a permis de toucher et protéger 16.671 enfants vulnérables y compris les enfants concernés par la mobilité dans la ville de Tombouctou.
- Amélioration de la réponse institutionnelle :
Un comité local de pilotage des interventions du projet est très actif et fonctionnel. Il est présidé par la Mairie de la commune urbaine de Tombouctou. Ce comité regroupe les structures techniques de l’Etat concernées par la protection et la promotion de l’enfant dans la ville et la région (protection, santé, éducation, emploi et formation professionnelle, travail, sécurité et protection civile, etc.).
Ce comité regroupe aussi des acteurs communautaires afin de permettre une coordination efficace des réponses de protection. 571 acteurs ont bénéficié diverses sessions de renforcement de capacités sur la protection et l’approche mobilité ; l’Accompagnement Protecteur des Enfants (APE) ; l’Accompagnement Social Personnalisé (ASP) ; etc.
Depuis mars dernier, les autorités communales de Tombouctou ont révisé le Plan de Développement Social, Economique et Culturel (PDSEC 2016-2020) et intégré les besoins et réponses des enfants vulnérables. L’objectif du PDSEC est d’apporter une réponse globale et cohérente à 3.250 enfants vulnérables y compris les enfants concernés par la mobilité dans la commune urbaine de Tombouctou prenant en compte l’ensemble de leurs besoins.
- Articulation entre la protection formelle et la protection non formelle :
A Tombouctou, l’insuffisance de cadre d’échanges entre acteurs communautaires et institutionnels constitue un frein à une protection efficace des enfants surtout des enfants victimes de violences, d’abus, d’exploitation et de négligence. Avec le projet d’appui d’urgence et de renforcement de la résilience des enfants en mobilité dans la ville de Tombouctou, il a été tenu 5 cadres d’échanges ayant mis en relation 159 acteurs.
Ces cadres sont des occasions pour favoriser la revalorisation et l’application des pratiques endogènes de protection autrefois utilisées par les communautés car elles sont de nos jours négligées et ou abandonnées.
Des actions directes ayant été apportées aux enfants concernés par la mobilité à Tombouctou
- Des activités d’accueil, d’écoute et d’orientation en langues locales ;
- Des activités psychosociales et de sensibilisation;
- Des cours d’alphabétisation et en compétences de vie courante (santé, hygiène, protection, droits et devoirs de l’enfant) ;
- L’apprentissage en 13 filières de métier librement choisies par les enfants et jeunes (coupe couture, teinture, coiffure, boulangerie, embouche, électricité solaire, maintenance informatique, mécanique moto, menuiserie métallique, restauration, etc.) ;
- Les équipements d’installation dans chacune des filières de métier choisies ;
- Le suivi continue des actions à travers des animateurs et le comité local de pilotage du projet présidé par la mairie et composé d’acteurs communautaires et institutionnels.
Du 07 au 08 juillet dernier, Tdh Mali et Enda ont organisé à Tombouctou, la Campagne « Talents d’enfants ». Cette campagne de protection et de promotion des droits de l’enfant a permis à 800 participants de voir et apprécier le savoir-faire des enfants vulnérables ayant été accompagnés par le projet. Ces deux jours de campagne ont proposé 20 stands pour l’exposition du travail des enfants concernés par la mobilité (ayant été formés, dotés, installés à leur propre compte); des prestations de sketch et jeux éducatifs ; des débats communautaires pour l’amélioration d’un environnement protecteur des enfants dans cette ville affectée par la crise.