Le terme « enfant » désigne tout être humain âgé de moins de 18 ans selon la Convention Internationale relative aux Droits des enfants (CDE), sauf si la législation en vigueur permet l’application d’une majorité plus tôt.
Le Mali, étant l’un des nombreux pays ayant ratifié la CDE et la Charte Africaine des Droits et du Bien-Etre de l’Enfant (CADBEE), dispose de la Politique Nationale de Protection et de Promotion de l’Enfant ainsi que d’autres dispositions législatives et réglementaires qui garantissent pour tous les enfants sans aucune discrimination, les droits essentiels et fondamentaux suivants :
- Droit à la dignité à travers la protection physique et morale
- Droit à l’éducation
- Droit à la santé
- Droit à avoir une identité et une nationalité
- Droit à la non-discrimination
- Droits à la participation, etc.
Les droits de l’enfant prennent compte de la fragilité, des spécificités et des besoins propres à l’âge de l’enfant.
Bien que notre pays ait souscrit aux engagements de la CDE et la CADBEE pour la promotion et le respect des droits de l’enfant, le constat est que les enfants subissent de multiples cas de violences, d’exploitation, de maltraitance, de discrimination et de traite violant totalement leurs droits essentiels.
Que savent-ils sur leurs droits et devoirs à Tombouctou ?
Aminata Dicko est une fille migrante travailleur. Elle figure parmi les 8.355 enfants concernés par la mobilité ayant bénéficié d’un accompagnement protecteur grâce au Projet d’appui d’urgence et de renforcement de la résilience des enfants en mobilité exécuté par Terre des hommes Lausanne (Tdh Mali) et son partenaire Enda Mali.
Aujourd’hui, l’adolescente connait ses droits et devoirs. « Je sais que lorsque je travaille pour quelqu’un, il doit me payer. S’il ne le fait pas, je connais les voies que je dois suivre (…) pour avoir ce qui me revient de droit. Je sais que je dois obéir à mes parents, mais eux aussi doivent me nourrir et me permettre d’aller suivre la formation que je suis en train de faire avec Tdh Mali. Niana Tandina qui nous forme nous explique beaucoup de choses sur nos droits et nos devoirs ».
Si Aminata Dicko a pu connaitre ses droits et devoirs, il n’est pas tout le temps pareil pour tous les enfants de la ville de Tombouctou.
HAMEY est un garçon de 12 ans qui vend du foin sur le marché Yoboutao de Tombouctou. En effet, il n’a aucune connaissance sur ses droits et ignore ce qui peut être ses devoirs. C’est un enfant qui soutient sa famille depuis son plus jeune âge en accompagnant son père au marché.
Certains enfants même scolarisés, pensent qu’ils n’ont que des droits et exigent tout de leurs parents. Mahamane Touré a 16 ans. Il est scolarisé et fréquente le lycée. Il nous confie : « Moi, je pense que mes parents doivent tout faire pour me permettre de réussir mes études (…). Plus tard, je pense que je pourrai les aider à avoir une meilleure vie si je trouve du bon boulot ».
A la question, quels sont tes devoirs ? Mahamane répond : « je dois respecter mes parents et faire ce qu’il me demandent de faire. Mais seulement cela ne doit pas m’empêcher d’aller à l’école ou cela ne doit pas porter atteinte à mon intégrité physique ».
Campagne « Talents d’enfants », un espace d’information des enfants sur les droits et devoirs à Tombouctou
Composé d’enfants scolarisés et déscolarisés, de jeunes, de parents et acteurs concernés par la protection et la promotion des droits de l’enfant, la Campagne « Talents d’enfants » s’est réalisée du 07 au 08 juillet 2018. 800 participants ont visité les 20 stands d’exposition mis en place et animés par les enfants bénéficiaires du projet d’appui d’urgence et de renforcement de la résilience des enfants en mobilité.
Des produits issus de la transformation agro-alimentaire, de la menuiserie (bois et métallique), de la coupe couture, de la coiffure, de l’embouche ont été promus. Les enfants exposants ont échangés avec leurs pairs sur ce qu’ils ont appris, sur comment ils exercent leur métier et les bénéfices qu’ils en tirent.
A la campagne, 2 thèmes éducatifs ont été mis au cœur des débats entre acteurs techniques, acteurs communautaires, enfants, jeunes et parents.
Le premier débat a concerné la « socialisation et l’exploitation des enfants par le travail : quelles sont les causes et les limites ? ». Un enseignant sociologue et le Directeur adjoint du Service régional du Travail à Tombouctou ont expliqué les notions de socialisation et d’exploitation des enfants par les enfants ; le cadre légal et les textes juridiques y afférents ; les pratiques positives et négatives actuelles à l’égard des enfants au sein des communautés; les défis à réléver pour une amélioration des pratiques de socialisation, de protection et de respect des droits de l’enfant dans la ville de Tombouctou.
Le deuxième débat, « la délinquance juvénile : prévention et accompagnement des enfants » a permis à l’un des animateurs du projet, d’expliquer et partager ses expériences de prise en charge et d’accompagnement d’enfants victimes de stupéfiants dans la ville de Tombouctou. Ce débat a abordé la situation de la délinquance juvénile dans la ville ; ses causes ; les pratiques et les structures d’accompagnement des enfants victimes.
Au délà de ces débats éducatifs, des enfants d’un club communautaire ayant été redynamisé et renforcé dans le cadre du projet, ont sensibilisé leurs pairs sur leurs droits et devoirs.
Le Projet d’appui d’urgence et de renforcement de la résilience des enfants en mobilité dans les villes de Gao et Tombouctou est exécuté grâce au soutien généreux du peuple américain à travers OFDA/USAID au Mali.